- œillère
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1 ♦ Anciennt Partie du heaume qui se rabattait sur les yeux.2 ♦ (1611) Mod. Plaque de cuir attachée au montant de la bride et empêchant le cheval de voir sur le côté.♢ Loc. Avoir des œillères : être borné, ne pas voir certaines choses par étroitesse d'esprit ou par parti pris. « C'est ce qui lui donne sa force [...] ces partis pris, ces œillères » (Sarraute).3 ♦ (1835) Petit récipient ovale pour les bains d'œil.1. œillère [œjɛʀ] adj. f.ÉTYM. 1530; de œil.❖————————2. œillère [œjɛʀ] n. f.ÉTYM. Fin XIIe, oilliere; de œil.❖1 Anciennt. Partie du heaume qui se rabattait sur les yeux pour les protéger. — Blason. Représentation héraldique de cette pièce.2 (1611). Mod. (Techn.). Chacune des deux pièces, plaques de cuir, etc., attachées au montant de la bride et empêchant le cheval, l'âne… qui les porte de voir sur le côté et de recevoir des coups de fouet sur les yeux (⇒ Harnais). || « Sans œillère, les chevaux ne s'effrayent pas plus que quand leur bride en est pourvue (…) Il n'existe pas de motif pour maintenir (cet) usage » (Omnium Agricole).1 (…) ces lourdes œillères, volets noirs qui aveuglent ce que le cheval a de plus beau, sa prunelle dilatée et pleine de flamme.Th. Gautier, Voyage en Russie, VI.2 (…) ce morceau de carton roulé, recouvert d'étoffe et appelé chapeau, que les femmes ont jugé à propos de s'appliquer de chaque côté de la tête, à peu près comme les œillères des chevaux. (Il faut remarquer cependant que les œillères empêchent les chevaux de regarder de côté et d'autre, et que le morceau de carton n'empêche rien du tout).A. de Musset, Contes, « Mimi Pinson », II.♦ Par comparaison :2.1 Une saute de vent lui plaque de nouveau la neige au visage. Il tire la main droite de la poche de sa capote et l'applique en œillère contre sa tempe.A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 34-35.3 (Av. 1841, Chateaubriand). Fig. Idée préconçue, opinion étroite et bornée (surtout au plur.). || Être sans œillères, avec des œillères. || Mettre des œillères. — Cour. ☑ Avoir des œillères : être borné, ne pas voir certaines choses par étroitesse d'esprit, parti pris. ⇒ Aveuglement (→ Lucide, cit. 4).3 M. de La Fayette n'avait qu'une seule idée, et malheureusement pour lui elle était celle du siècle; la fixité de cette idée a fait son empire; elle lui servait d'œillère, elle l'empêchait de regarder à droite et à gauche; il marchait d'un pas ferme et sur une seule ligne; il s'avançait sans tomber entre les précipices non parce qu'il les voyait, mais parce qu'il ne les voyait pas; l'aveuglement lui tenait lieu de génie, tout ce qui est fixe est fatal, et ce qui est fatal est puissant.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 273.4 La santé, le bonheur : des œillères. La maladie rend enfin lucide.Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 248.4 (1835, Académie). Petit récipient ovale servant à se baigner les yeux.➪ tableau Noms de récipients.
Encyclopédie Universelle. 2012.